LES COMBUSTIBLES

« Les Combustibles », œuvre dramatique d’Amélie NOTHOMB, est un projet

Et porté par la Compagnie

Les Scènes d'Argens

PRÉSENTATION « Les Combustibles »

Avec le soutien du dispositif  Été cultuel 2024 « Rouvrir le monde » de la DRAC Provence côte d’azur et de la Résidence Les Vignes du Bercail du groupe Umane, une première résidence de création a eu lieu cet été du 19 au 30 août.

Puis cet en février deux résidences de création se sont succédées à Puget sur Argens puis au Théâtre intercommunal Le Forum à Fréjus.

La première a eu lieu à l’Auditorium Saint-Exupéry le 22 avril 2025 avec le concours de la ville de Saint-Raphaël

DISTRIBUTION

Mise en scène : Anthony Davy assisté de Roxanne Davidson

Avec : Roxanne Davidson, Anthony Davy et François Cracosky

NAISSANCE DU PROJET

Il y a une dizaine d’année j’ai découvert ce texte d’Amélie Nothomb qui est sa seule et unique pièce de théâtre. Le thème, le style et la dramaturgie m’ont aussitôt interpellé, l’envie de monter cette œuvre ne m’a alors plus quitté. Ne manquaient que les comédiens, ils devaient être jeunes, posséder une technique irréprochable, correspondre aux personnages et surtout adhérer pleinement au projet.


Ma rencontre avec Roxanne et Anthony avec lesquels j’ai travaillé dans « La Dupe » d’Olivier Moinard en 2023 fut une révélation. En observant leur travail au plateau l’évidence m’est apparue, j’avais enfin trouvé les comédiens à la hauteur du projet. Après leur avoir soumis mon idée et leur avoir donné à lire le texte, leur adhésion et leur enthousiasme fut totale.

Dès lors il restait à convaincre l’auteure. Un échange épistolaire puis téléphonique avec elle nous a très rapidement rapprochés, son accord a été immédiat et sans réserve. Amélie Nothomb : « Je suis très heureuse de votre intérêt pour mon texte, tout ce que vous me dites est absolument formidable… »

Pour ce qui est du choix du metteur en scène, mes échanges à propos de la pièce avec Anthony, sa vision et les idées qu’il m’a livré à propos du projet ont mis à jour, une fois encore une évidence, il assurerait la mise en scène.

François Cracosky

Directeur Artistique

RÉSUMÉ

La guerre, le froid et les pulsions du désir… Il faut se chauffer par n’importe quel moyen, même en brûlant des livres, mais par lesquels commencer et par lesquels finir ?

La cohabitation, forcée par la situation, confronte un professeur de sociologie quelque peu cynique, passionné de littérature, son assistant idéaliste Daniel et Marina étudiante en quête de chaleur.

NOTE DE MISE EN SCENE

Les Combustibles parle du désir. Celui des personnages, mais aussi du vôtre, du nôtre également.

Les trois protagonistes ont des désirs différents, qui s’entrechoquent, et ne peuvent se rencontrer. Chacun/ chacune va essayer de faire triompher ce désir, quitte à écraser celui des autres.

Après tout, c’est la guerre, la mort n’est pas loin, et il y a urgence à se satisfaire…

Alors, qui brûlera en premier ?

Anthony Davy

NOTE D’INTENTION

Introduction

Lorsque François Cracosky m’a proposé de lire Les Combustibles, nous avions déjà l’envie de nous retrouver autour d’un projet commun.  Il ne nous manquait plus qu’à trouver l’oeuvre parfaite.

Dès la première lecture, j’ai eu des images très précises de ce récit mis au plateau, de ses décors et costumes, et de comment François, Roxanne et moi pourrions porter ce texte. C’était une évidence : nous avions entre les mains la pièce idéale pour nous réunir.

Ce projet, ce sera la rencontre de trois comédien.nes,  d’âges différents,  d’univers différents et de formations différentes, qui vont, ensemble, raconter la même histoire.

Les Combustibles est une pièce fascinante. L’ambiance, pesante et trouble, intrigue :  on ne sait pas réellement où se passe l’histoire, à quelle époque… Cela ouvre l’imaginaire et offre des possibilités immenses. Les personnages sont forts et ambiguës, avec des trajectoires diverses et une belle évolution pour chacun.e.

Les personnages et les thèmes de la pièce

Le personnage féminin, Marina, est passionnant et d’une force incroyable. Elle nous apparait d’abord comme discrète, pouvant subir le désir du professeur sans parvenir à s’en protéger. Mais au moment où l’on croit qu’elle va être totalement dominée, c’est elle qui devient dominante. Elle renverse la situation, et obtient ce qu’elle désire, ce qui est vital pour elle : la chaleur. Je veux que le spectateur le ressente comme tel : c’est elle qui décide de son sort, de son désir,  de sa vie, et même de sa mort.

Daniel, son compagnon, entretient un rapport très complexe avec Marina. On sent de l’amour entre eux, mais aussi une incompréhension, qui évoluera vers la haine et un passage final entre le combat et le désir charnel. Daniel ne peut supporter que brûler des livres pour se réchauffer soit envisageable. Le comportement de Marina et du professeur va à l’opposé de ses principes. Selon lui, nous pouvons nous servir des livres et de tout ce qu’ils nous instruisent pour trouver comment sortir de cette guerre. Les livres peuvent nous réchauffer par leur lecture.

Il sera de plus en plus déçu par le professeur, jusqu’à en être totalement dégoûté : il voit son mentor bafouer tous ses principes et il est même témoin, à son insu, de l’acte charnel qu’il va avoir avec Marina.

Le Professeur, celui qui est censé gérer la situation, instruire les jeunes et les conseiller, laisse ses vices et sa cruauté prendre le dessus. Avec son regard cynique sur la guerre, il décide de ne plus croire en la littérature.

Le spectateur ne devra pas deviner,  au début de la pièce,  qu’il aura cette trajectoire. On ne montrera pas tout de suite son désir intense pour Marina. Tout doit être assez fin pour qu’on puisse suspecter quelque chose d’étrange chez lui, sans jamais savoir quoi.

Plus généralement, j’aimerais que toute la pièce soit une surprise pour le spectateur : qu’il ne sache pas à l’avance ce qui va se passer. Il faudra jouer les scènes sans jamais anticiper la suite. Faire preuve de finesse pour faire ressortir la force dramaturgique de la pièce et les revirements de situation.

Ce qui m’a également interpelé, c’est l’humour présent dans l’œuvre. Il y a des moments très drôles, souvent amenés par le cynisme du professer. Ces touches de légèreté viendront en contrepoint des moments forts du spectacle.

Je pense que pour toucher le spectateur,  il faut réussir à le surprendre, à jouer avec les contrastes. Trop de moments sombres, trop de larmes finissent par s’annuler et ne font plus d’effet ; l’humour est nécessaire pour mettre en lumière les moments dramatiques.

Enfin, la manière dont Amélie Nothomb traite le rapport à la lecture, et plus généralement à la culture, m’intéresse énormément. Le débat sur le roman d’amour  qui oppose le Professeur et Daniel me fait penser au débat qui nous anime concernant la place du théâtre dans notre vie : a-t-on besoin de se divertir, ou de s’instruire ? Faut-il choisir entre les deux ?

Pour ma part, je crois que les deux sont possibles en même temps, et que le mot « divertissement » est parfois dévalué, utilisé de manière négative, comme s’il s’agissait de « sous-culture ». Mais le divertissement est à mon sens essentiel. D’ailleurs, ça ne désigne pas forcément que le rire : on peut se divertir en s’instruisant, en réfléchissant, en débattant, à partir du moment où c’est amené de manière ludique et plaisante.

Ces deux aspects seront donc présents sur le plateau : nous ne jouerons pas la tragédie ni la comédie,  nous jouerons la situation, ce qui est écrit, de manière juste, au plus près des mots. La pièce en elle-même contient tellement de contrastes que l’on passera du rire au drame sans même s’en rendre compte.

La magie comme moyen dexpression du contrôle

La question du consentement est enfin arrivé dans nos vies. Il y a eu (un début) de prise de conscience sur ce sujet: on ne peut faire ce qu’on veut sans l’accord de la personne concernée. Que ce soit sur le plateau ou en dehors, il est de notre devoir de faire attention, d’être à l’écoute de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. Par exemple, toucher l’épaule de quelqu’un est déjà un acte fort, qui peut ne pas être consentit. Un geste à l’apparence anodine peut déjà cacher une forme de prise de pouvoir. Et parfois l’humain va tout faire, à distance, pour manipuler une personne et la forcer à céder : elle pourra alors la toucher, mais sans le réel consentement de la personne.

C’est ce que je souhaite montrer dans la mise en scène  : chaque contact physique aura un sens particulier, fera évènement.

Par exemple, dans la scène 2, le Professeur essaye de faire danser Marina à son insu, soit disant pour qu’elle se réchauffe. Je le vois comme un stratagème pour entrer en contact physique avec elle. Si on suit les didascalies d’Amélie Nothomb, le professeur touche directement Marina. Il la force à danser, alors qu’elle résiste.

Je choisi de faire de cette séquence un tableau dans lequel le Professeur la manipule à distance. Elle est telle une marionnette qui répond aux gestes du professeur. Il lui fait bouger les bras, la fait tourner sur elle-même, avant de la figer grâce à un simple geste. Elle se retrouve bloquée devant l’arrivée lente du professeur, qui va en profiter pour lui toucher l’épaule. C’est le premier contact physique réel entre les deux personnages. Un acte fort.

Pendant ce tableau, la lumière change. Nous passons du plein feu glacial à une lumière verte, accompagné d’une musique faisant référence au tango. Alors que le Professeur parvient à la toucher, Marina réussit à s’échapper. C’est alors la fin de la musique et le retour à la lumière glaciale.

On peut le voir comme un moment de rêve du professeur, dans lequel ses fantasmes s’expriment. Du point de vue du spectateur, on ne sait pas si la magie existe réellement ou si c’est l’espace mental du professeur auquel nous avons assisté.

Ce procédé reviendra à nouveau, notamment lorsque, à la fin de scène 2, c’est Marina qui retourne la situation en prenant le pouvoir : elle utilise alors à son tour ce procédé « magique » pour contrôler et bloquer le professeur. Il devient sa proie, il est à sa mercis et elle pourra faire ce qu’elle veut de lui. A l’inverse, la lumière deviendra rose petit à petit, en même temps que Marina déploie son désir, son côté animal et diabolique.

Le froid au cœur de chacun.e

« L’enfer, c’est le froid », dit Marina. Les trois personnages subissent la guerre et le froid qui l’accompagne. Leur seule possibilité de se réchauffer vole en éclat lorsqu’ils se rendent compte qu’ils n’ont plus de combustibles. Sauf des livres. Ils se retrouvent alors en enfer, avec un questionnement auquel ils trouvent chacun et chacune une réponse différente : faut-il les utiliser comme matière première et les brûler afin de se réchauffer ? ou les utiliser par le moyen que l’on connaît : le livre comme moyen d’évasion, de rêve, d’apprentissage ?

À ce froid se mêle leurs désirs profonds, qui sont inassouvies et incompatibles les uns avec les autres. Ces désirs, s’ils pouvaient être comblés, leur permettraient certainement de combattre le froid d’une autre manière, sans avoir à brûler les livres et à abandonner une partie de leur humanité.

C’est pour cela que je souhaite que le froid profond que ressent chaque personnage ne soit pas représenté dans les corps par le sentiment du froid, mais plutôt par celui de la chaleur, celui qui brûle les corps et les tripes. Celui du désir intérieur, que l’on souhaite à tout prix assouvir, de la conviction, du désespoir fou, de l’espoir. Quand on prend un bain glacé, on brûle. Les personnages sont dans un bain glacé et ils brûlent dedans. Ils sont en enfer.

Anthony Davy

14/05/2025

NOTE DE SCENOGRAPHIE et COSTUMES

Je souhaite que le froid se ressente directement dans l’esthétique du plateau. On est en pleine guerre (mais on ne sait pas laquelle, où, ni même quand elle a lieu), des bombes explosent dans la ville, qui est en ruine. J’aime l’idée que tout est terne, qu’il n’y a plus de couleur. Comme si les débris, les gravats et les cendres dûs aux explosions se déposaient dans l’air, à l’intérieur des logements, et sur les vêtements des personnages. C’est pourquoi tous les éléments de décors seront gris, ainsi que les costumes. Du poêle à la bibliothèque, en passant par les chaises et le porte manteau. Tout est usé, sale, comme s’ils avaient été récupérés dans un no man’s land.

Les seuls éléments encore colorés sont les livres : ils sont les seuls matériaux qui résistent au froid et à la guerre. Ils représentent l’espoir d’un monde après la guerre. La culture et l’art nous permettent de nous battre, de rêver, d’aller plus loin.

Les livres sont de différentes couleurs vives : rose, vert et jaune. Elles ne sont pas dues au hasard : le rose représente les livres que Marina veut bruler, le jaune ceux que Daniel souhaite à tout prix garder pour lire et trouver l’espoir d’un monde nouveau, et enfin le vert, couleur d’un seul livre : le fameux Bal de l’Observatoire, dans lequel le professeur fonde tous des rêves et désirs.

Aussi, il y a un saut en métal gris, posé sur le bord du plateau. Il est rempli de confettis gris, que nous nous jetterons sur nous, à la vue des spectateurs, avant de monter sur le plateau : nous venons de l’extérieur, il neige. Mais il neige gris. Ces confettis nous suivent jusqu’au plateau, se déposent dans nos cheveux, sur nos vêtements, et sur le sol. La neige est, elle aussi, présente physiquement pendant toute la pièce.

Anthony Davy

J’aimerais que les livres présents sur le plateau soit de vrais livres, sans quoi l’enjeu de les brûler serait moins concret pour le spectateur. Nous n’utiliserons pas de trompe l’œil : la littérature sera sur le plateau avec les personnages. La bibliothèque jouera d’ailleurs un rôle central, tel un personnage silencieux. Elle sera placée au milieu du plateau, en fond scène, afin de placer la culture au centre de l’histoire.

Anthony Davy

L’équipe :

Mise en scène et scénographie : Anthony Davy

Assistante de mise en scène : Roxanne Davidson

Interprétation : Roxanne Davidson, Anthony Davy et François Cracosky

Conception et création décors : Yves Monnier et François Cracosky

Création lumière : Yves Monier

Régie : Myriam Grélard

Vidéo : Gérard Tamaro

Nous remercions pour leur concours à la réalisation du spectacle